L'EXPLOITATION DES BOULES GRANITIQUES AU HUELGOAT. Louis CHAURIS

Le site communal du chaos du Kooad -Saoulec

Le chaos disparu sous les burins des carriers du Huelgoat du Saoulec en bas de la Grotte du Diable en 1843 d 'un dessin du carnet de dessins et d'aquarelles de Félix Marant.Boissauveur .https://www.coop-breizh.fr/8082-felix-marant-boissauveur..

.Les rochers à droite ont tous disparu sous les burins des carriers du Huelgoat Je reconnais le chêne du chemin pittoresque .Le cloché du bourg. à horizon , on ne le voit pas parceque la foudre quelques années avant l' avait fait tombée

 

Le bois du Saouelec où est le site du chaos et de la roche tremblante est un bois communal depuis 1903. et non domanial . Il fut  acheté par la commune grace au combat des militants du Touring club  de France créé en 1890 et de la Société pour la protection des paysages de France, créée par Sully-Prudhomme en 1901.Notre chaos du Saoulec fut ainsi protégé de la dévastation  des carrières de pierres. (la crêperie qui est située prés du ménage de la Vierge fut construite sur l'emplacement  de cette ancienne carrière de granit)  .

C'est en fait le premier site naturel qui fut sauvé et classé en France  par l'achat d'une collectivité locale en 1903 bien avant  la loi de l' état français de 1906 sur la protection des monuments naturels et des sites.( le premier site protégé fut  les rochers de la forêt de Fontainebleau en 1861)

Il  semble qu'on prenne plaisir en ce pays d'Huëlgoat à entasser ruines sur  ruines. C'est ainsi qu'on est en train de transformer en carrière à moellons le magnifique chaos de pierres dont la description se lit partout. La dévastation  monte du fond du ravin et gagne de jour en jour. Elle n'a pas encore atteint toutefois le " Ménage de la Vierge ". On sait qu'on appelle  de ce nom des amas de rochers dont quelques-uns affectent de vagues apparences de meubles et d'ustensiles. Là, d'après la légende, Notre-Dame des Cieux avait primitivement sa maison; et on vous montre les diverses pièces de son mobilier cyclopéen, le lit où elle se couchait, l'armoire où elle enfermait son linge, le chaudron où elle faisait la lessive, la marmite ronde qui lui servait à cuire ses repas, et enfin le berceau branlant - un énorme tronc de granit creusé en forme de barque  où elle endormait l'Enfant-Dieu, au bruit du torrent qui écu les roches et s'abîme on ne sait pas où dans le sein mystérieux de la terre. La protection de Notre-Dame suffira-t-elle à sauvegarder du vandalisme  qui les menace, ces nobles pierres qui lui sont consacrées ?         

Anatole Le Bras Les annales de Bretagne 1893

Victor Segaien. (en 1899), apporte, avec un humour acide, «des précisions sur la destruction des sites des chaos par les tailleurs de pierre Il y a vingt ans (donc aux alentours de 1880). frappé de l'inutilité de tous ces gros cailloux, on eut la suave idée de les exploiter comme pierre à bâtir, Et avec une pleine désinvolture, on se mit à les débiter... La pierre branlante faillit  y passer, et une partie .du chaos se transforma en jolis petits moellons plus utiles, évidemment, et surtout de vente plus facile que les grands blocs primitifs. Il fallut l' intervention énergique pour arrêter cette mutilation duTouring-club de France.Mas les plaies sont là, ces cassures blanches, déflorant la féerie du Huelgoat.

Victor Segalen  A Dreuz an Avor en août 1899

Le petit train, cahoteux et lent nous dépose, vingt kilomètres plus loin, en face de deux omnibus, dont les conducteurs, avisant ma roue impotente et mollasse, se m'arrachent, en me jetant à la tête, comme un défi, les 6 kilomètres qui séparent Le Huelgoat de la gare qui prétend le desservir.

Certes, rien d'immérité, à la réputation de ce coin si spécial, luxuriant de végétation, crevassé d'abîmes vert profond où bruissent d'invisibles torrents. De larges routes en corniches, blanches et soignées comme des boulevards, courent entre des bois de sapins denses, opaques. C'est le paysage de montagne presque type, aux tons de chromos, acceptable en nature, peu désirable à noter sur la toile.

Un peu au hasard, nous prenons de nuit, suivant notre habitude, un avant-goût de ce que le grand jour nous détaillera le lendemain ; de la pénombre profonde sourdent lourdement des blocs immenses, d'autres, en pleine lumière, arrondissent leurs formes géantes, et, tamisant, grillageant la clarté sélénique, les sapins, en foule, superposent à l'infini leurs accents circonflexes feuillus.

De bonne heure, au jour, nous trottons derrière un tout petit guide, éveillé, tout menu... C'est une promenade circulaire à grande allure, et suivant l'inévitable itinéraire : le chaos, d'abord, conglomérat étonnant de blocs éboulés derrière un vieux moulin... La pierre branlante, dont les cent tonnes oscillent avec des grâces éléphantines sous quelques poussées rythmées...

Il y a vingt ans, frappé de l'inutilité de tous ces gros cailloux, on eut la suave idée de les exploiter comme pierre à bâtir, et, avec une pleine désinvolture, on se mit à les débiter à la scie, à les émietter à la poudre... La pierre branlante faillit y passer, et une partie du chaos se transforma en jolis petits moellons plus utiles, évidemment, et surtout de vente plus facile que les grands blocs primitifs.

Il fallut une intervention énergique pour arrêter cette mutilation.

Mais la plaie est là, cassure blanche, déflorant le site, comme un os brisé traversant les chairs. Et les coups de pioche ne se taisent pas. Peut-être essaient-ils, les malheureux, de retaper leurs cailloux disloqués?

Plus loin, heureusement, tout est intact: le «Ménage de la Vierge», série d'empreintes en creux, se cache mystérieusement au fond d'un amas de roches, tandis que tout en bas, tintent avec un timbre clair comme du métal, les petites cascades de la «rivière d'Argent».

Puis, nous voilà en pleine forêt, et vaste, et touffue : une appétissante salade de grands arbres, de taillis, de ruisselets érodant de gros rochers, faufilés à fleur de terre, et s'épanouissant brusquement au grand jour d'une clairière encadrée de sous-bois giboyeux, et cela durant des kilomètres.. La «Chambre d'Arthus», le «Trou aux Sangliers», le «Gouffre», énumère le petit guide...

En somme, des sites de montagne, et dignes de la Suisse ou des Vosges, m'affirme, dans l'omnibus, mon compagnon d'Impériale; mais, au reste, peu séduisants pour un peintre. Infailliblement, il serait conduit à ne produire qu'une de ces truculentes affiches de bains de mer ou de voyages circulaires exhibées dans les gares entre un distributeur automatique et un horaire de chemin de fer, dont elles partagent la valeur esthétique...

Et malgré ce pimpant décor, on se reprend, au long du retour, à rêver encore du vieux peintre, vieux de toute la sénilité d'un très vieux peuple, dont le symbolisme, le fantastique et les rêves, ont trouvé en lui leur expression imagée, leur évocation poétique, toute de nuances, de demi-teintes, de charme morose et dolent.

L'EXPLOITATION DES BOULES GRANITIQUES AU HUELGOAT.Louis CHAURIS  «Les habitants du Hüelgoat crient qu'on leur laisse leurs rochers..» Sans doute « Vox damans in deserto ».

photo personel

Le chaos  du Saoulec dévasté  par  les carrières vers 1890  Une carrière dans un site touristique .

Les rochers coté droit de cette photo ont disparu!

 

La rivière de la Rivière d' Argent ce Noel 2013  en crue

 En quinze jours en juillet 2011 ,trois enfants se sont aventurés sur les rochers glissants de ce même endroit du chaos qui s' appelle le trou du sanglier Ar toull morc'h  , ils ont fait tous les trois une chute de trois mètres dans la rivière souterraine,ils ont été évacués et transportés par hélicoptère à l’hôpital de la Cavale Blanche à Brest

 

 

 

 Le chaos du Saoulec (le ménage de la Vierge, la roche tremblante) (Ar savlec'h  en 1835) .

Sur le cadastre de 1835

Ce n'est pas "un lieu à chaume"traduit du breton moderne. Sao désigne en français une montée une élévation . Lec'h, par contre peut désigner ici un endroit, un lieu de pierres .Ce nom  "lec'h"peut aussi désigner un lieu sacré de mégalithes comme pour krommlec'h. un lieu de pierres  courbes où le courbe symbolise du sacré dans toutes les religions du monde : le chemin du soleil dans le ciel!

  La signification de Saoulec  au  Huelgoat d'après jean- marie Ploneis (La toponymie  celtique de Jean-Marie Plonéis) Edition du felin 1989)

Sao (vieux breton saè), qui désigne une montée, peut aussi avoir le sens de « halte » comme dans ce nom de parcelle ar Savleh (Huelgoat, 1835), près de la grande halte sur l'ancienne route menant de Carhaix à Brest ; il entre aussi dans la composition de savheol « levant », ce qui fait qu'à Saint-Thégonnec nous avons penn/a/neac'h/sao/eol « la butte du levant » qui s'oppose à penn/a/neac'h/cuz/eol « la butte du couchant ». L'idée de « montée » ne fait guère de doute dans gorré-ar-sao « le haut de la montée » (Châteaulin) et ker/sao (Crozon, Scaer), le pluriel étant ker/sav/iou (Landudal, 29). Quant à sav/a/diri (Ergué-Gabéric) et sav/ar/diri (Kerfeunteun-Quimper) on peut supposer un sav-a(n)-diri que l'on pourrait traduire par « la montée à l'escalier » ou « la côte des chênes » (diri étant le pluriel de dero « chêne »).

Une grande halte sur l'ancienne route Carhaix-Brest .Ce qui est faux , je suis d'ici !  elle était au Vieux-tronc  "Ar-heff-koz "une nouvelle route fut tracée vers 1890 en passant par le bourg du Huelgoat lors de la construction des gares de la ligne de chemin de fer Carhaix-Morlaix et en plus elle ne passe pas ici , le relai de poste était sur la route de la Gare  .

 

L'origine du nom"oppidum" vient du latin, pluriel "oppida" qui signifie en français une forteresse ou un lieu élevé et ses fortifications de pierres 

. ""Savlec'h"ou "Saolec'h"" au  Huelgoat  a la même signification qu' un oppidum , un lieu élevé de pierres escarpé qui grimpe dur . Les  parcelles du cadastre de 1835 où sont les champs  de pierres et les prairies du Saoulec sont situées au pied de la montagne de l'oppidum du Camp d'Artus et bien-sur elles font en fait  bien parties du sanctuaire du  Roi  Arthur! )

Saoulec,en breton , désigne bien ici  Huelgoat  une forteresse gauloise.

 

Le quartier du quartier du POULY(c) est situé sur la butte qui est un éperon surplombant la jonction de deux vallées encaissées celle du chaos de rochers du Saoulec et celle de l'ancien lit de la rivière du Fao où  ne coule aujourd'hui que le ruisseau de la Fontaine des Cieux, qui au XVII siècles fut dévié pour alimenter en eau  l'étang  et les machines hydrauliques de la mine  de plomb-argentifère d' après les légendes locales colportées par  Louis  Priser  . J 'ai trouvé des scories de fourneaux le long du canal près du bourg.

Poull  signifie en français  une mare ou une étendue d'eau , mais comme au Huelgoat ,l'étang en breton  est appelé AL LENN . Poull  ne peut pas être  le nom de l'étang  puisque que les Huelgoatains appellent le lac.

Pour moi , le POULY (c) serait un POULL -TOULL  un trou où  l'écoulement de l'eau est souterraine puisque ce nom se termine avec le suffixe I ic  (is,il ,is iz ,és  comme les marques  des sources d'eau minérale )  sacré lié à l'eau des sources  "Celle-qui-donne-l'eau ».(2). POULY(c) ne peut qu' être la dénomination d'un lieu sacré  liée à la  déesse mère des  sources   ICAUNA ( celle ci a donné son nom  à de nombreuses rivières comme  La Seine et à L' YONNE ,en autre) . Sous les rochers cyclopéens du Chaos du Saoulec et du  Ménage de la Vierge,dans les profondeurs  de la Terre ou dans ce trou "toull-poull  " en breton ,sur plusieurs centaines de mètres les eaux deviennent  souterraines ,celles-ci ont les mêmes  symbolismes des eaux naissantes et des résurgences ; fait naître chez l'homme une émotion proche du sentiment religieux (3) .

Poull « trou, mare, fosse »Apparaissant dans plus de huit cents noms de hameaux des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan, poull mériterait à lui seul un très long développement et cela d'autant plus que le terme, riche de sens, est d'usage courant dans les parlers actuels. Ce mot panceltique, qui serait à rapprocher du vieil Anglais poil pull (cf. l' Anglais moderne pool), a subi l'influence de toull autre terme panceltique qui en est pratiquement synonyme.

Jean-marie Ploneis L'identité bretonne,la toponymie celtique éditions du Felin.1989

(3) Suprématie du culte des eaux naissantes

Certes, « les eaux, sous toutes leurs formes, ont bénéficié en Gaule d'un rôle prépondérant [...]. Mais ce sont surtout les sources qui ont cristallisé la piété des fidèles », souligne avec justesse Monique Clavel-Lévêque (1972, 102). Jean Hubert évalue à près de six mille les sources sacrées de la Gaule qui, objets de pratiques superstitieuses, finiront par être « vouées à Dieu et aux Saints » (Hubert, 1967, 568 et 573). Plus que l'écoulement de la rivière, plus que le cours du fleuve, il semble que les Gaulois aient d'abord vénéré la naissance de l'eau, dans son mystère et son dynamisme primordial: force agissante travaillant dans l'obscurité du monde souterrain inconnu; force jaillissante d'une énergie neuve, toujours renouvelée; richesse offerte aux hommes, et image pure du divin. « L'homme trouve le sens du sacré devant une source; il lui prête volontiers et spontanément la puissance de la divinité qu'il adore » (Deyts, 1985, 31). La beauté des sites où peuvent naître les eaux a dû souligner davantage leur caractère sacré: « L'eau qui sourd a tout naturellement un caractère merveilleux souvent renforcé par l'étrangeté du point d'affleurement (vallons profonds, grottes obscures, roches escarpées) et fait naître chez l'homme une émotion proche du sentiment religieux » (Deyts, 1971,61).

(2) Noms sacrés en ic-

Nous pensons que le nom de l'YONNE pourrait également remonter à une ancienne appellation de source (Lacroix, 1998a), le nom d'ICAUNA qui en provient désignant « Celle-qui-donne-l'eau » (*(s)ic-auna, avec suffixe agentif celtique). . Il n'est pas rare que les dévotions chrétiennes aient pris la succession de rites païens. Comme l'écrit Simone Deyts, « Nombre de provinces françaises eurent, après l'implantation du christianisme,  leurs sources saintes  [...]  sur l'emplacement même des sources antiques » (Deyts, 1987, 15). :  On fera l'hypothèse que la déesse de la source, ICAUNA, si populaire, finit par accorder son appellation prestigieuse à l'antique nom de la rivière: *Autura. Les populations et particulièrement les gens qui vivaient de la batellerie prirent peu à peu l'habitude de l''invoquer comme une déesse de la rivière: elle accordait ses bienfaits à la source; elle présiderait au port, protégerait ses activités.

Les noms d'origine gauloise la Gaule des dieux  Jacques Lacroix  édition Errance 2007 

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