Gwenc'hlan Le Scouëzec Arthur, roi des Bretons d'Armorique Le roi des Pierres

ARTHUR, ROI DES BRETONS D'ARMORIQUE

 Le Camp d’ Arthur

L'intérêt que suscite pour la compréhension delà tradition arthurienne, la région de Huelgoat, nous porte maintenant à rassembler les données que nous possédons sur l'antiquité de ce pays. A l'époque où César vint en Gaule, il était occupé, ainsi que toute la partie la plus occidentale de la péninsule armoricaine, par un peuple appelé Osismien.

Les Osismes nous sont moins bien connus que leurs voisins, les Vénètes, mais nous savons qu'à la fin de l'indépendance gauloise, ils appartenaient les uns et les autres à la fédération armoricaine. Les historiens modernes ne sont pas assurés de leur origine. On ignore en fait s'ils appartenaient aux Celtes qui avaient envahi l'Occident dans le millénaire précédent notre ère, ou bien s'il s'agissait d'autochtones plus ou moins celtisés au contact de ceux-ci.

Ptolémée les mentionne, au premier siècle. Avant lui, Strabon et, bien sûr, César en avaient parlé. Pytheas, qui vint de Marseille dans leurs parages, au IVe siècle avant Jésus-Christ, à la recherche de l'étain, les appelle Ostimiens ou Timiens. Il avait appris à connaître chez eux le Kabaion ou promontoire de Gobaion, notre moderne Pointe du Raz. C'était l'Oestrymnide d'Avienus.

Leur capitale, aux dires de Ptolémée encore, au deuxième livre de sa Géographie, se nommait Ouorganion, mais comme toujours, les manuscrits varient : on trouve ainsi Ouorganion, Ouorgonium, Ouor-gon, Ouorgion. La ville se trouvait selon les coordonnées de cet auteur, par 17° 40' de longitude et 50° 10' de latitude. La première de ces mesures est aberrante, comme souvent les méridiens des Anciens : l'admettre serait placer l'embouchure de la Loire et notre cité sur la même ligne verticale. La latitude est toujours plus fiable. Dans le sys­tème de Ptolémée, la pointe du Raz (Gobaion Akrotèrion) est à 49° 45' et Brest, que nous identifions à Staliokanos Limèn, à 50° 15'. Dans ces conditions, le parallèle 50° 10' passe sensiblement par Le Hüelgoat.

Vorganium était-il à Carhaix ?

Si Ptolémée l'appelait, en grec, Ouorganion, dont les Latins ont fait Vorganium, la ville des Osismes figure sur la Table de Peutinger sous la fy&pe Vorgium. On a voulu opposer ces deux mots et les appliquer à deux villes différentes : Vorganium aurait été Carhaix, Vorgium Kastel-Ac'h à l'embouchure de l'Aber- Arc’h plus communé­ment appelé en « français » Aber-Wrac'h et plus récemment la ville gallo-romaine de Kerilien en Plouneventer. Mais on n'a pu en aucune manière assurer ces interprétations, ni même prouver que l'un ou l'autre de ces sites se trouvait en cause.Kastel-Ac'h est un camp préhistorique, mais d'importance médiocre quoique de superbe situation. Face à l'Ile Vierge, au débouché de l'Aber-Wrac'h dans la mer, ce petit crâne de rochers chauves, protégé aujourd'hui comme espace naturel par la plus haute autorité des Osismes modernes, je veux dire le Conseil Général du Finistère, surveillait jadis les entrées d'un port dont le nom, comme les quais, s'est trouvé englouti par les vagues, les sables et l'histoire. Là se terminait la voie antique qui venait, et vient encore, de Carhaix, par le col de Trédudon, le gué de l'Elorn à Landivisiau, l'ancienne futaie du Folgoét et le sanglant château de Penmarc'h. Ceci dit, Kastel-Ac'h n'offre aucune des conditions requises pour être la capitale d'un peuple qui couvrait au moins le territoire de l'actuel département du Finistère, et peut-être plus encore.En fait, la fortune, toute relative, de Kastel-Ac'h à cet égard lui avait été fournie au XIXe siècle par un archéologue nommé Le Men, qui interprétant le texte presque illisible d'une borne miliaire retrouvée au village de Kerscao en Kernilis (29260), y avait lu que Vorgan. était à huit milles, MP VIII, soit 11 km780 de là. Mais l'inscription donnerait plutôt treize milles, MP XIII, soit 19 km145, si tant est qu'on puisse y déchiffrer quelque chose.

Quant à l'hypothèse carhaisienne, c'est elle qui, aujourd'hui a toute la faveur des historiens. L'on remarque cependant que si Carhaix a montré des restes romains, on n'y a relevé aucune trace antérieure à l'occupation des légions, et l'on pourrait peut-être distinguer la capitale gauloise du chef-lieu gallo-romain.

Certes l'étymologie du nom de Carhaix, Ker-Ahes. ,fait appel à l'un des personnages les plus fascinants de la mythologie armoricaine, la princesse Ahès. Mais celle-ci est plus fortement encore implantée en d'autres lieux de la péninsule armoricaine dans la forêt du Hüelgoat, dans la baie de Douarnenez et tout au long des anciens chemins pavés. Et l’on a évoqué des significations plus historiques, comme le nom du général romain AEtius —c'était l'opinion de la Tour d'Auvergne — ou plus vulgaires comme celle d'un carrefour, carofès, analogue aux carrois de France.

Carhaix cependant a joui, au moins depuis l'époque romaine, du statut de ville et le faubourg de Plouguer en porte témoignage. Etabli par les émigrants bretons vers le Vie siècle de notre ère tout contre l'établissement gallo-romain, il fut baptisé de ce nom, dont le sens est clair : c'est « la paroisse de la Ville ».

Un autre élément milite en faveur de Carhaix chef-lieu de cité romaine. La trace d'un réseau routier en étoile, centré sur la citadelle et datant au moins de l'époque romaine, demeure incontestablement marquée dans le voisinage. Toutes les directions sont desservies par les sept voies ainsi définies, mais celles-ci peuvent ne dater que des Légions, aux fins de surveillance du pays.

Elles pourraient d'ailleurs recouvrir une plus ancienne répartition des chemins, non exactement semblable, mais peut-être voisine. Nous avons déjà signalé l'étonnant nœud routier, d'apparence préhistorique, très lisible sur la Carte d'Etat-major type 1889 et encore visible sur celle de l'Institut Géographique National, et bien évidemment sur le terrain, qui se situe au village de Ruguellou en La Feuillée. Six chemins partaient de cet endroit dont deux franchissaient la crête de l'Arrez, l'une vers Morlaix, l'autre vers Landivisiau et Lesneven, une troisième se dirigeait vers Berrien et le nord-est, une quatrième vers Le Hüelgoat et Poullaouen, une cinquième gagnait Brennilis et par delà, le sud-ouest finistérien, la sixième se perdant sous le macadam de l'actuelle voie express de Lorient. L'importance de ce carrefour, presque effacé, se trouve encore soulignée par l'installation au Moyen-Age, à un kilomètre de là, d'une Commanderie de ces Templiers, dont l'une des fonctions consistait précisément dans la garde des routes et qui occupaient là une situation véritablement stratégique.

Carhaix est situé à vingt quatre kilomètres de Ruguellou : c'est beaucoup trop loin pour l'avoir eu directement sous sa dépendance. Et puis, il est évident que la coexistence des deux carrefours ne se justifie en aucune manière. L'un a dû précéder l'autre, connaître son heure de gloire avant l'autre, puis être détrôné par l'autre. Celui qui survit, c'est la petite ville de Carhaix, avec la plupart de ses chemins devenus routes départementales. Ruguellou n'est qu'un petit village, où plus personne  ne transite depuis longtemps, où la rencontre des itinéraires n'existe plus que pour mémoire, dans un paysage de toute beauté, mais en voie de désertification absolue. C'est donc pour nous le plus ancien et, pour rester cohérent, l'on est conduit à admettre que l'ancien centre de la Cité des Osismes devrait se trouver, sinon à Ruguellou même, du moins dans un rayon assez court.

D'où venait l'argent des Osismes ?

 

Le seul endroit de quelque importance dans le voisinage du grand carrefour se trouve à trois lieues gauloises de là, soit moins de sept kilomètres : c'est, une fois encore, la charmante petite cité du Hüelgoat, dont les mines de plomb argentifère ont fourni aux Osismes, en leur temps, la plus grande partie, sinon la totalité "de leurs belles monnaies au Cavalier.

De très importants filons recoupent en effet les schistes et les quartz d'une colline voisine et leur exploitation, poursuivie jusqu'au début de ce siècle, avait débuté à l'époque préromaine. Des milliers de tonnes d'argent, et plus encore de plomb ont été extraites ici et une partie d'entre elle expédiée de par le monde. Une autre partie a servi à constituer le numéraire des Osismes, et sans doute aussi celui des Vénètes et assuré leur importance politique. Les mines — car il y a eu au cours des siècles différents puits ouverts ici et là — pouvaient assurer sans peine à l'agglomération humaine avoisinante, à ses sites défensifs et à ses dieux la prééminence dans la Cité des Osismes, et donc lui permettre déjouer le rôle d'une capitale.

Tant à Poullaouen qu'au Hüelgoat, elles n'ont été fermées qu'au XXe siècle, après plusieurs millénaires d'exploitation. Elles offrent du moins celles de la forêt, l'avantage appréciable d'être accessibles par un fond de vallée et d'être de ce fait idéalement camouflées et protégées. Actuellement encore, la ville de Huelgoat et la vallée de la rivière d'Argent, ne sont visibles de nulle part.

Le site de défense, lui, a d'admirables vues : au nord de la rivière d'Argent la hauteur qui grimpe vers Berrien est couronnée du vaste camp gaulois, de dimensions et de fortifications exceptionnelles qu'est le Camp d'Artus. Il est relayé par le poste d'observation de Roc'h Kromm, " Roc'h  Warek " la Pierre Cintrée, de l'autre côté de l'eau et des habitations de la ville. D'une longueur de 1100 m, d'une largeur de 380 m, d'une hauteur de rempart de 4 m, et d'une superficie de 30 ha, le camp d'Arthur a été reconnu par l'archéologue Pierre-Roland Giot comme le principal oppidum des Osismi. Il ne fut construit, selon Mortimer Wheeler, qui le fouilla en 1938, qu'au 1er siècle avant notre ère, un peu avant l'invasion romaine contre laquelle il servit sans doute, mais Giot n'a pas hésité à écrire que le camp d'Artus est trop vaste pour ne pas avoir demandé une longue période de construction, et une occupation plus ancienne d'un tel site est vraisemblable.

C'est dans le fond de la vallée, à cet endroit élargie, sur les bords d'un lac artificiel, dont l'antiquité nous est inconnue, et près de l'extraordinaire chaos de rochers qui a fait la réputation des lieux, que s'étend la grand-place du Hüelgoat, d'un aspect rectangulaire assez inattendu dans le pays, évoquant plutôt un forum bordé de maisons, d'échoppes et de temple que le classique espace en rond autour de l'église centrale, auquel nous ont habitué les paroisses bretonnes. L'impression en est si vive que l'on se demande avec insistance s'il ne faut pas voir se perpétuer là une disposition archaïque, l'un de ces établissements multiséculaires qui semblent inéluctablement liés au sol et dont on attend qu'ils nous enseignent l'histoire.

Ajoutons qu'admirablement défendue par la crête de l'Arrez au nord et sa convergence avec les Montagnes Noires à l’est ,les fondrières  de l'Ellez à l'ouest, le réseau hydrographique de l'Aulne Jet la ligne continue de hauteurs de Glomel à la mer au sud, la région du Hüelgoat et d'ailleurs de Carhaix se constitue en bastion naturel, protégé de toutes parts des violations de ses trois frontières maritimes et de sa limite continentale.L'agglomération principale de Berrien, située sur le point culminant d'un plateau, constitue elle-même le centre d'une extraordinaire forteresse naturelle : au sud, dominé par le Camp d'Artus, la profonde vallée de la Rivière d'Argent ; à l'est, l'impressionnant fossé du Squiriou ; au nord, au-dessous de la barrière naturelle de l'Arrez, une deuxième ligne de défense constituée par le cours transversal du ; à l'ouest, une descente plus douce, mais qui plonge progressivement vers l'étendue  implacable des eaux du Yeun Ellez enfermées dans l'étau des remparts de schiste et de grès. Là, même nos modernes chars d'assaut ne passeraient pas et les parachutistes s'engloutiraient avec eux.

A ces différentes marques d'importance, il convient d'ajouter l'importance mythologique des lieux. A cet égard, la supériorité du Hüuelgoat sur le reste du pays, à l'exclusion des rivages de la Baie de Douarnenez, mais en particulier sur Carhaix, apparaît écrasante. Dans cette dernière ville, seul le nom évoque la géante Ahès. Sur les bords de la rivière d'Argent en revanche, si Ahès est plus présente que n'importe où ailleurs, l'on y rencontre en outre Gewr (prononcez Gheour avec un g dur !), surhomme lanceur de pavés — et de quelle taille ! —, Arthur qui s'y est bâti son bel oppidum du Hüelgoat, Cronan sur sa montagne à l'Occident tout proche et aussi le chien noir qui hante le voisin Yeun Ellez, marais aux portes de l'Enfer. C'est là bien assez pour donner une dimension exceptionnelle à cette région aux pieds de l'Arrez

Un site dévorant

Mais revenons à Vorganium, pour autant que nous l'ayons quitté, et essayons de progresser encore dans la connaissance de cette ville. Pour cela, il est temps de faire appel à la linguistique. Que nous cache donc cette appellation ?

On a cherché — à vrai dire, pas beaucoup — quelle pouvait bien être la signification de ce terme que Ptolémée donnait comme nom à la ville principale des Osismes. Au XIXe siècle, on ne manquait pas d'évoquer à ce sujet la figure de Morgane, mais il n'est pas possible qu'au 1er siècle de notre ère l'initiale M ait déjà été transformée en W.

Il s'agit bien phonétiquement d'un W : le grec l'écrit Ouorganion et le latin Vorganium. Dans un cas comme dans l'autre, cela se prononce  Worganion avec une demi-consonne en tête et l'accent tonique, à la gauloise sur la première syllabe.Ni le vocabulaire gaulois que nous possédons, ni apparemment le breton ne nous permettent de donner une interprétation qui vaille. Il nous faut donc chercher une racine indo-européenne qui susciterait une telle possibilité. Dans ce domaine, le mot le plus voisin est le latin vorago, à l'accusatif voraginem, qui phonétiquement parlant, pourrait fort bien s'appliquer à un lieu qui deviendrait ainsi Voraginium, puis Vorganium. Une semblable hypothèse est totalement exclue, pour des raisons historiques évidentes : le latin n'a jamais été parlé dans le Centre-Bretagne avant la conquête de César, et fort peu sans doute après..Mais allons plus avant. Le terme signifie le Gouffre. De la même famille et de sens analogue le grec Barathron et le sanscrit Girami. Dans cette dernière langue, qui est, rappelons-le, exemplaire, la racine est GR- : elle s'entend pour avaler, absorber et vomir. On rattache cet ensemble sémantique à une origine indo-européenne en Gwer, de laquelle  dérive également les nombreux vocables qui désignent le gosier, le gouffre ou ce qui en est issu, comme le sanscrit gargara, la baratte, le français gorge, jargon, gargouille, mais aussi vorace et dévorer, le latin gurges, ainsi que leurs correspondants allemands, anglais, espagnols, italiens, celtiques et autres. On pourrait ajouter à la liste Gargantua et le géant Gewr dont nous parlions à l'instant.L'existence du gaulois *Vorgan-, au sens de gouffre, acquiert sous ce regard une grande vraisemblance. La capitale des Osismes se serait appelé en quelque sorte Le Gouffre. Mais alors ? Où, dans ces  conditions  pouvait se trouver Worganion ? Autrement dit, où existait-il un Gouffre, digne de .ce nom, sur le territoire de l'antique Cité ?

4. Huelgoat capitale

Où était le Gouffre ?

Quand on quitte Huelgoat par la route de Poullaouen, à peine a-t­on parcouru deux kilomètres qu'un panneau, sur la droite de la route, nous annonce le gouffre. En contre-bas de la chaussée, la rivière d'Argent qui coulait plus ou moins ouvertement, depuis le déversoir de l'étang, entre les masses de granité, accumulées là jadis, nous dit-on, par la querelle de deux géants, échappe soudain au comportement nonchalant des ruisseaux armoricains. Le cours de l'eau abandonne le cailloutis doré de son lit pour se resserrer entre quelques-uns de ces blocs de granit qui parsèment les bois environnants. D'entre deux pierres, il s'échappe, vivement séparé en deux chutes, il écume, il tombe, ou plutôt il se précipite de plus haut qu'un homme, dans un abîme étroit où il disparaît sans même qu'on puisse en apercevoir le fond. Le courant mettra quelques centaines de pas à s'en remettre et, après avoir parcouru l'obscurité d'inavouables sentiers souterrains, il renaîtra à notre soleil. On ne sait donc ce qu'il devient pendant le laps de temps qu'il met de l'aven à la résurgence : les Anciens pensaient sans doute qu'il entrait en relation avec le monde des eaux souterraines et les rivages de l'Autre Monde.

On pouvait certes y précipiter des hommes vivants ou des cadavres, soit du surplomb immédiat, soit de plus haut, sur un toboggan naturel qui descend de la hauteur rocheuse au-dessus du gouffre. Cette butte, étroite, mais taillée en abrupt sur tous ses côtés, constitue un imprenable petit bastion, ou bien un rocher sacré, une sorte de Roche Tarpéienne impressionnante à découvrir. Là-haut, en 1919, l'écrivain Victor Segalen se sacrifia ou fut sacrifié : un petit menhir en rappelle le souvenir.

Le Gouffre s'appelle en breton ar Gibel, la Cuve. Au XVIIIe siècle, le Président de Robien le signale dans sa Description historique topographique et naturelle de l'Ancienne Armorique. Il est, dit-il, « appelé des gens du pays quiber à rompesse ». Sous l'orthographe de l'époque, on reconnaît kibel ar rampsez : la Cuve de la Géante.

Retour au  Huelgoat : le porteur du maillet sacré

Et d’abord, quoiqu’elle paraisse à première vue limpide, l’appellation même de Huelgoat. De uhel, haut et koad, bois, le mot, construit à l’antique, l’adjectif avant le nom, signifierait tout simplement le Haut-Bois. Il est vrai que Uhel s’est écrit et prononcé à l’époque moderne, Huel. Nous remonterions donc à un celtique Uxelloceton.

La plupart des cartes et des textes vont dans le même sens. Le Corpus d’Erwan Vallerie donne 22 formes anciennes, de 1288 à 1731 : on y trouve des archaïsmes comme – coyt pour bois, des uhel – et des huel –, voire un Hel – et un Vuhel –, l’article français même (Le Huelgoit) à partir de 1630. En breton d’aujourd’hui, la version officielle retenue par le Conseil Général du Finistère dans les définitions du bilinguisme, dit an Uhelgoad. En toponymie toutefois, surtout dans les lieux riches en histoire antique, de claires interprétations masquent souvent des termes devenus incompris ou volontairement déformés : c’est le cas, sous l’influence du Christianisme, des noms de divinités ou des traces d’anciens cultes. Sur un site aussi prestigieux que celui de Vorganium, il reste à démontrer qu’un toponyme important puisse signifier une réalité aussi commune que le Haut-Bois.

En fait, il y a quelques failles à la belle unanimité des témoignages concernant Huelgoat. Le Président de Robien, vers 1750, écrit Halgoët, se rapprochant du Helquoit de 1373. A la même époque (1751), la carte de Robert donne Heallegoit. Cela nous écarte quelque peu du sens ordinairement donné au mot. Si de telles formes ne contiennent pas l’idée de hauteur, en des temps où la compréhension du breton était générale, c’est qu’elle n’apparaissait nullement évidente aux yeux des contemporains.

Mais voici plus prégnant : la Carte de Tavernier de 1620 écrit au-dessous de Berrien et à côté de la forêt, Sualgoit. Pour juger de l’intérêt de cette écriture,il faut savoir que le S initial du celtique s’est habituellement transformé en H en breton. Dans ces conditions, Sualgoit apparaîtrait bien comme l’ancêtre du Huelgoat, fossilisé en quelque sorte comme il arrive souvent en toponymie. Mais alors les deux premières syllabes du mot ne peuvent signifier la notion d’élévation, laquelle se dit Uxellos en celtique, d’où exactement uhel en breton.La mention de Tavernier, à une époque où des archaïsmes se manifestaient encore dans la langue, a l’intérêt de susciter plusieurs idées sur la constitution du toponyme. D’abord, le H de Huel serait bien à sa place et il ne serait pas nécessaire, pour justifier l’orthographe moderne, d’invoquer le déplacement de cette lettre de la médiane à l’initiale, de Uhel en Huel. Il proviendrait ensuite, comme nous venons de le dire et comme il est de règle en breton, d’un S celtique. Enfin, les deux voyelles U et A, se trouvant, dès le moyen âge, au contact l’une de l’autre, évoquent la chute probable d’une consonne situées entre elles.

Ceci nous conduirait à un celtique hypothétique

Su + consonne + al (ou el) + o final + ceton (bois)

La consonne disparue peut ordinairement dans cette situation être un D, mais un G qui, d’abord aspiré en H, est ensuite annulée dans la prononciation. Un tel raisonnement nous conduit donc sans heurt à un celtique *Sugeloceton. S’il est impossible de démontrer que c’est là l’équivalent d’un *Sukeloceton, il n’en reste pas moins que la suggestion est troublante. Quant au nom propre du Géant de Huelgoat, tel qu’il a été transmis par la Légende locale, c’est Hok Bras, c’est-à-dire Hok le Grand. La même règle d’évolutionphonétique que précédemment nous permet de penser qu’il s’agit d’un Sok, voire d’un Suk, ce qui nous rapproche considérablement de Sukelos dont seule la première syllabe aurait été conservée.La probabilité d’une présence de Sukellos à Huelgoad se trouve renforcée par le fait qu’aux portes même de la Ville, on entre dans le Monde d’en-bas. En remontant la petite vallée du Fao sur quelques kilomètres, on parvient à Brennilis et au Marais de Brasparts, celui qu’on appelle le Yeun Ellez et qui est traditionnellement la Porte des Enfers et le domaine de l’Ankou. Là s’ouvre le Youdig, l’abîme sans fond par lequel notre monde communique avec celui des divinités chtoniennes : c’est là qu’un recteur très spécial jetait naguère sous l’apparence d’un chien noir, les âmes dont on voulait débarasser notre univers. Ce faisant, il n’agissait pas autrement que la Princesse Ahès au Gouffre du Huelgoad ou que les druides de Manchester à Lindow.  Gwenc'hlan Le Scouëzec Arthur, roi des Bretons d'Armorique Le roi des Pierres

Berrien

Bien que le site de Huelgoat cumule ainsi tant d'aspects historiques  et légendaires, on n'a jamais songé cependant, disions-nous, à faire coïncider Vorganium avec notre Hüelgoat. Le nom n'y est apparemment en nulle manière attaché. Et pourtant...

Et pourtant, si nous cherchons à travers la Bretagne occidentale un toponyme qui pourrait apporter en notre temps le souvenir de Vorganium, nous n'en trouvons nulle part, si ce n'est précisément au Hüelgoat.

Cette petite ville en effet, considérée au temps des Ducs comme une place fortifiée, sans doute parce que l'ancien Camp d'Artus s'était agrémenté d'une motte médiévale, n'était pas une paroisse primitive de Bretagne. Son territoire résultait, comme Brennilis, La Feuillée, Botmeur et Locmaria, du démembrement d'un vaste ensemble rattaché à l'actuelle commune de Berrien. Le Hüelgoat, ses châteaux, son étang, son gouffre et sa mine étaient donc en Berrien.

Ce nom de Berrien est lié, sans le moindre doute, par les toponymistes contemporains, à la vénération d'une sainte Berriona, égale­ment connue en Cornouailles britannique où elle serait l'éponyme du village de St Buryan. Les formes anciennes, cataloguées par Erwan Vallerie, sont : Berriun (Xle siècle), Berian (1351), Beryenn (1306), Beryan (1368), Berien (1516), Berien (1536). Il ne reste cependant aucune trace du culte de cette irlandaise, puisque la paroisse est placée sous la protection de sainte Barbe qui y possède en outre une chapelle.

Si l'on accepte de remettre en question un instant la possibilité de cette étymologie et de formuler une autre hypothèse, l'on s'aperçoit rapidement que celle-ci pourrait bien nous mener à Vorganium.

Prenons donc l'affaire par l'autre bout : que nous aurait donné le mot Vorganium s'il avait évolué normalement du celtique jusqu'en breton moderne ? La désinence serait tombée, c'est un fait universel. Vorganium, dans ces conditions devient Vorgan. Le G médial se transforme ordinairement en c 'h (arganton donne arc 'hant), ou en i (en fait la semi-consonne y) : Urbgen devient Urien. Le c'h lui-même devient fréquemment y : Goulc'hen est devenu Goulien. Vorgan de­viendrait ainsi Vorc'han et Vorian.

Disons tout de suite qu'un Vorc'han existe sur l'ancien territoire de Berrien : en Brennilis, dans le Yeun Ellez, près du déversoir de l'actuel étang du Marais, à l'endroit même où l'on avait édifié la Centrale  Atonique des Monts d'Arrez, un petit village s'appelle Forc'han. Le F breton étant phonétiquement aussi proche du V que du F français, nous sommes ici en présence d'un nom qui rappelle étrangement Vorganium.

Mais Berrien même, à l'initiale près, est très proche de Vorian ou Verien (Berian, rappelons-le en 1351). Un fait intervient ici: c'est qu'au IVe siècle de notre ère, en Gaule, les noms de villes à initiale V ont évolué vers le B. La Notice des Dignités de l'Empire romain qui date de cette époque écrit Vannes Benetis au lieu de Venetis, Vienne Bienna au lieu de Vienna. Uesontio a donné de même Besançon. En Bretagne, ainsi que l'a montré Erwan Vallerie, Besné vient de Uinduneta, Belle-Ile vient de Uindilis.

Cela suppose une évolution gallo-latine et romane et dans le cas des toponymes bretons, antérieure à l'émigration d'origine insulaire.. Celle-ci a pu se produire dans les villes où subsistait une population de parler latin et dans leur voisinage. Elle est attestée ainsi, outre dans la Bretagne orientale, aux environs de Vannes et de Morlaix. De façon tout aussi logique, elle peut être envisagée dans le domaine de Carhaix et du Hüelgoat. De là viendrait même le doublet Vorc'han-Berrien, le premier mot provenant d'une évolution bretonne, le second d'une évolution romano-bretonne.

 Le Hüelgoat capitale

Si Carhaix a pu être le chef-lieu et le carrefour des voies à l'époque romaine, Huelgoat nous paraît retenir tous les caractères pour mériter au temps de l'indépendance le titre de capitale. Ce lieu d'une importance économique devenue énorme par la richesse de son potentiel minier, doté pour sa défense, notamment, du principal oppidum des Osismi, est pourvu d'une mythologie de puissance et de souveraineté, et son nom communal enfin, Berrien,. pourrait sans peine venir de Vorganium.

Nul autre site en Bretagne Occidentale ne peut revendiquer une telle richesse de traditions. L'importance économique d'abord : la mine d'argent représente une source renouvelée de numéraire et par là une puissance commerciale indiscutable. L'importance politique ensuite : là où est la Banque Centrale, là s'installe le pouvoir. L'importance stratégique bien sûr : le système de défense du Hüelgoat, s'avère l'un des premiers d' Europe, tant par le camouflage des objectifs éventuels que par la ceinture de murailles naturelles et le piège anti-chars du Yeun Ellez. L'importance religieuse enfin : tous les grands mythes armoricains ont leur place ici.

Au Hüelgoat, nous sommes donc bien à Vorganium, le Gouffre d'Ahès, qui fut cité capitale des Osismes.

Camlan devant Vorganium

N'est-ce pas là d'ailleurs l'endroit choisi par le roi Arthur pour regagner l'Autre Monde ? Il se remit, nous dit-on, aux mains de sa sœur Morgane et nous sommes ici au cœur de son domaine. Dans quel lac l'épée merveilleuse, que les Américains appellent Excalibur, fut-elle jetée sinon dans l'étang qui précède le Chaos et conduit au Gouffre ?   ( Le lac n'est pas là  je sais où il est il se trouve dans les profondeurs du  Gouffre du Diable  Les spécialistes des romans de la Table Ronde n'ont jamais eu cette information  que dans les profondeurs de la terre, le Gouffre, haut lieu arthurien. il y a  une immense grotte et son lac sous la route de Poullaouen .)

 

On a, au vrai, cherché vainement le lieu qui conviendrait à la Mort temporelle d'Arthur, celui que les Romans appellent Camlan, d'un mot qui signifie la Lande en courbe, d'un celtique Cambo-lanum. Le terme est fréquent, presque banal, tant outre-mer qu'en Armorique.Cependant, de tous les conducteurs qui passent sur la nouvelle voie des deux mers, de Lorient à Roscoff, combien remarquent le panneau minuscule, au droit d'un hameau branlant, qui porte l'un des noms les plus prestigieux du monde celtique, tout juste conservé sous la forme ancienne de Camblan.

L'ancienne voie romaine en effet qui allait de Carhaix à Plouguerneau, a franchi l'Aulne au Pont Men et gravi la pente dure qui longe au sud la lisière de la forêt de Botvarec  ( reste de la grande forêt du  Roc'h Warek du Hüelgoat) . Elle accède là au plateau qui va de Locmaria aux abords de Plouyé. On y verrait sans peine deux armées déployées, l'une montée avec la route, Carhaix emporté et dépassé, l'autre acculée au ravin de la mine et aux descentes vers la Rivière d'Argent. C'est là l'endroit le plus désigné pour y situer une ultime défaite, ou une victoire sans espérance, juste au-dessus de Vorganium, de ses richesses, de ses rites, et des forteresses arthuriennes.

Le Marais des Enfers

 

Parlant de la carte des Monts d'Arrée, en 1896, Paul du Châtellier écrivait les lignes suivantes : « En regardant cette carte on est frappé du grand nombre de monuments, groupés sur les sommets des collines qui divisent en nombreux bassins la plaine qui s'étend des montagnes d'Arrhées aux montagnes Noires, au sud et à l'est du marais de Saint-Michel, dans un rayon de douze à quinze kilomètres. »

Et il concluait, à proposdes fouilles qu'il avait menées en 1895 et 1896 dans cette région : « En somme, dans cette importante campagne', nous avons reconnu six dolmens ou allées couvertes, plus ou moins ruinés, dont deux ont des sculptures, onze menhirs, cent soixante et un tumulus, huit cachettes de fondeurs, quatorze camps ou enceintes fortifiées et trois cachettes de monnaies gauloises. »

Rien que sur la commune de Berrien, notre archéologue compta un menhir, quatre dolmens et cinquante-trois tumulus. A Coatmocun, en Brennilis, ce furent trois dolmens, quatre menhirs, dix tumulus, un camp à enceinte circulaire et des restes d'habitation.

Le tertre situé en Berrien, « à deux cents mètres au Nord-Ouest des édifices du village du Reuniou », contenait les restes d'un linceul de peaux qui avait enfermé le cadavre, un collier de coquilles, un vase en argile et des poignards en bronze ainsi qu'un fragment de bois de cerf. On remarquera bien sûr la présence, ici comme à Hoedic et à Teviec, quoique bien plus tard, du cervidé symbole de renaissance..

Le tumulus I de Coatmocun était vide, il n'avait pas de chambre et aucune trace d'ossements humains ou autres ne s'y trouvait. Mais, dans sa partie est, trois petites pierres plates protégeaient « un fossile du genre oursin ». Sera-ce l'œuf de serpent dont Pline, un jour, parlera comme d'un talisman druidique?

Ajoutons que sur ce territoire, se trouve le Camp d'Artus, le gouffre d'Ahès et la mine du Hüelgoat, témoignant d'une activité ancienne et d'une mythologie toujours présente. Le camp d'Arthur est l'oppidum le plus important de Bretagne et il y a tout lieu de penser que là se trouvait le centre politique des Osismes préromains, voués au culte d'Arthur, la Pierre.

Le gouffre d'Ahès qui l'avoisine, est l'un des lieux de passage de ce monde-ci vers l'autre. On dit que la princesse — ou la déesse ? — y faisait jeter ses amants. C'était bien évidemment pour leur procurer l'existence dans l'Autre Monde..

Quant à la mine, toute proche, d'où l'on extrait le plomb et l'argent, elle est à la fois le centre nerveux de la région et le site magique des fondeurs. Ils avaient établi leurs ateliers au pied du Castel Guibel, qui domine de sa masse le puits d'Ahès. On peut imaginer qu'ici s'opérait une alchimie tant spirituelle que matérielle.

Le Huelgoat est en somme la capitale, antérieure à l'occupation romaine. On ne manquera pas d'être surpris par la longue place qui ressemble plus à un forum qu'à la place centrale d'un village breton, par l'ensevelissement de l'agglomération, tel qu'on ne la voit de nulle part, contrairement aux habitudes des paroisses d'Armorique. La ville est sous la protection du camp d'Arthur..

L'environnement mérite toute notre attention. La longue étendue de marécages qui s'étend au nord et à l'ouest de Huelgoat, jusqu'au pied de la ligne de montagnes qui barrent l'horizon, sert non seulement de protection militaire à toute attaque venue de ces directions, mais de plus de frontière avec l'Autre Monde. C'est ici proprement, selon la tradition, la Porte des Enfers. C'est ici qu'erre le chien noir et que les ramasseurs d'âmes parcourent la lande. Point de vision chrétienne de l'Enfer, pas de diable, ni de feu, mais la vision froide de terres inondées où la terre et l'eau se confondent..

A l'ouest se trouve le Mont Saint-Michel, de son vrai nom Menez Kronan. Comme tous ses homologues, il représente une divinité plus ancienne, ici Cernunnos, le dieu de l'Occident.

Il est remarquable que ce marais ait été,à la période des seconds tumulus de l'âge de Bronze, le lieu d'un rassemblement extraordinaire de ces constructions. Quel rapport y a-t-il entre les sépultures de l'âge de bronze et la tradition orale venue jusqu'à nous ? On a pu contester précisément qu'il s'agisse d'une mythologie antique et penser que le folklore n'avait pas d'antiquité. Bien qu'il n'y ait aucun élément en faveur de cette ancienneté, il n'est pas très sérieux de la nier. Toute cette histoire de chien noir et de ramasseur d'âmes, liées à la vision cernunienne du monde, non plus que les ombres d'Arthur, de la princesse mythique des Osismes, Ahès, du gouffre où l'on jetait les sacrifiés, ne relève pas d'une création récente, ni même médiévale. Il n'y a là, avons-nous dit, rien de chrétien. Certains fragments, comme ceux d'Ahès, sont manifestement très anciens et la croyance qui s'y attache a ce caractère indélébile des récits dont on ne sait plus pourquoi on s'y attache, mais auxquels on s'attache on ne peut plus fortement. L'ensemble est cohérent, solide, indestructible, et parfaitement non logique.

C'est une autre question de savoir la raison pour laquelle cent soixante et un tumulus ont été édifiés dans cet espace restreint. Est-ce parce que c'était déjà la Porte des Enfers ? Ou bien l'endroit est-il devenu la Porte des Enfers parce que cent soixante et une inhumations ont été faites ici ?

L'endroit n'a pas dû sensiblement changer. Quatre mille ans, c'est bien peu. Si l'endroit n'a pas changé, le symbole non plus. Dans l'esprit d'un homme d'il y a quatre mille ans, le marécage, avec ses eaux, ses engloutissements, ses risques, n'est pas différent de celui d'aujourd'hui. L'endroit est sinistre et inabordable. Il était sinistre et inabordable il y a quatre mille ans. On ne voit pas pourquoi il n'y aurait pas beaucoup plus longtemps que la Porte des Enfers aurait élu domicile là.

Un personnage mérite d'être remarqué : c'est le Gewr. Il règne plus particulièrement à Saint-Herbot, à la lisière sud du Marais. Ce personnage, fut à l'origine du chaos du Hüelgoat, dans sa lutte contre un autre géant avec lequel il échangeait des coups en blocs de plusieurs tonnes, entre Berrien et Plouyé. Huelgoat, au milieu, les recevait. Le Grand Bonhomme a été enterré au-dessus du village de Saint-Herbot, au Be Gewr, la tombe du Gewr. Il fallut paraît-il replier neuf fois son corps sur lui-même pour le faire entrer dans la fosse. Cela laisse entendre qu'il s'agissait d'un serpent géant, un dragon monstrueux.

C'est sans doute du Gargan qu'il s'agit. Son nom serait simplement l'abréviation d'un Karregan et proviendrait de Karr et de Karreg, le rocher. L'on sait que ces personnages gigantesques, qui parcourent les campagnes de l'Europe occidentale, prennent plaisir aux pierres que l'on jette et que l'on dresse.

Cet ensemble de lieux et de mythes, enfermés entre les hauteurs de Trevezel et la fuite de l'Ellez, entre le Menez Kronan et la mine du Hüelgoat, a été peut-être plus connu qu'on ne le croit. Cette terre de Bretagne, à l'occident du monde, d'où l'on voit le soleil plonger dans le sein retrouvé de la mer, aurait été l'embarcadère des îles merveilleuses, le site même de la Légende de la Mort, comme le découvrira plusieurs millénaires plus tard, l'un des fils de cette Letavia ou Pays de la Mort que fut, jusqu'à nos jours, la Bretagne armoricaine.

Sans doute venait-on de très loin pour trouver ici la voie qui mène à d'autres univers que le nôtre. Tout cet ouvrage, je pense, le montrera.